Sydney et le “centre
rouge”
Prendre conscience de ce que l’on a et en profiter pleinement...
De l’Amérique du Sud à l’Océanie
Nous quittons Sarah et sa famille après avoir passé de très beaux moments avec eux. Ces instants du voyage qui permettent des partages
si riches, c’est cela aussi qui nous fait plus qu’aimer ce type d’aventure humaine avant tout.
C’est notre vol le plus long du périple. 14 heures. Moi qui n’apprécie pas l’avion, je vais avoir le temps de lâcher prise.
Le décalage horaire entre l’Amérique du Sud et l’Océanie nous fait arriver à 18h (heure de l’Australie) ce qui représente 4 heures du matin
pour nous (réglés à l’heure de l’Amérique du Sud). Nous dormons donc très peu durant le vol et tenons le coup pour ne pas avoir trop
longtemps le décalage horaire dans les pattes.
A notre arrivée à Sydney, nous récupérons nos cartons (déjà bien abimés) et peinons à atteindre la zone de pick-up avec tout notre
chargement. Les enfants nous aident comme ils le peuvent. Sean, chez qui nous logerons à Sydney (aussi membre Warmshower), nous
attend. Il fait 3 allers-retours jusque chez lui (à 5 minutes heureusement) pour nous aider à tout emporter.
Il nous accueille dans sa maison. Il la partage avec d’autres locataires. Après quelques discussions, une douche et au lit.
Le lendemain, nous sommes reposés bien que réveillés à 5h (décalage oblige). Nous prenons la journée pour faire découvrir la ville aux
enfants. Nous débutons avec l’Opera House.
La chaleur est écrasante. Amalia et Esteban profitent de toutes les fontaines d’eau potables mises à disposition dans la ville. Nous nous
dirigeons vers une plage conseillée par Sean. Les vagues sont belles mais nous ne laissons pas les enfants y aller seuls, nous les tenons
continuellement par la main, le courant y est très fort.
Le soleil est un grand problème en Océanie. Le trou dans la couche d’ozone étant au-dessus de nos têtes, il est important de bien se
protéger. C’est d’ailleurs une dame d’Australie qui a inventé les t-shirts anti-UV que les enfants utilisent depuis le début du voyage. Sean
nous explique qu’ils doivent effectuer des contrôles réguliers de leur peau. Les enfants ont l’obligation de porter un chapeau pour aller à
l’école, faute de quoi, ils ne sortent pas des bâtiments lors des pauses.
Le 2ème jour, nous prenons un vol pour nous rendre en plein centre de l’Australie, dans l’Outback, le Red Center. 3 heures de vol et nous
atterrissons dans un tout autre décor à Alice Spings. La chaleur est brûlante, presque étouffante.
Nous avons loué, pour un peu moins d’une semaine, un camper. Les enfants sont contents de changer de mode de voyage pour peu de
temps. Ils savent qu’ensuite, en Asie, nous ne ferons que du vélo (et nous nous en réjouissons).
Le jour de notre arrivée, nous profitons de l’enthousiasme des enfants pour enchainer directement avec plus de 400 kilomètres. Nous
dormons près de l’Ayers Rock (Uluru pour les Aborigènes), monstre de pierre des plus connus d’Australie.
Ayers Rock : un immense rocher sacré
C’est le lendemain matin que nous partons à sa rencontre. Il est impressionnant et monstrueux. Ce bloc sacré en impose. Plusieurs
marches sont possibles pour le découvrir de près. Bien qu’une voie soit tracée, nous refusons de grimper à son sommet car les
Aborigènes demandent de ne pas le faire. Eux-mêmes se l’interdisent, marque de respect envers leurs ancêtres.
Très vite, les sandflies (mouches du désert) se ruent sur nous. Nous marchons, tôt le matin mais déjà sous un soleil de plomb, avec des
dizaines de mouches sur la figure. Elles s’enfilent dans les oreilles, se collent dans les yeux et les commissures des lèvres. Nous croisons
d’autres voyageurs avec des moustiquaires sur la tête. La marche devient très vite agaçante. On s’en met plein les yeux de cet endroit
mais les mouches nous empêchent de jouir pleinement du lieu. Nous avons beaucoup de compassion pour toutes les vaches et les
chevaux qui peinent à les chasser et prenons conscience de ce qu’ils endurent... Ou alors le lâcher-prise serait une fois de plus la clé du
problème ?? Mais là, vraiment, bien qu’on ait tenté, on n’y parvient pas.
Nous poursuivons ensuite avec une autre marche, à une vingtaine de kilomètres de là, pour découvrir Kata Tjuta, un assemblement de
monts de roche. A nouveau, les mouches nous assaillent. Nous allons tout de même jusqu’au bout de la marche. On a déjà vécu le
Masaya (plus loin, au-delà de…) en Amérique du Sud avec des soucis plus importants, vivons-le ici avec les insectes… si ce n’est que ça.
Les couleurs sont incroyables. Le rouge des roches contraste avec le bleu du ciel et le vert des végétaux quand il y en a. Une explosion de
couleurs.
Le soir, nous retournons à l’Ayers Rock pour le coucher du soleil. Il parait être un instant incroyable. Le rocher passant de l’orange au
rouge, brun puis noir. Malheureusement, le ciel est très chargé et nous ne pouvons pas observer toute cette splendeur. Nous décidons
alors de revenir demain matin pour le lever du soleil.
Une fois réveillés, nous laissons les enfants couchés à l’arrière et retournons à Uluru. A nouveau, le ciel est couvert mais quelques
espaces entre les nuages laissent un peu d’espoir. Et cette fois la magie opère. De courts instants, mais suffisants pour se laisser
impressionner, nous apercevons les couleurs qui se changent en dégradé sur le rocher.
Nous rejoignons le campground ensuite pour assister à une démonstration de lancer de boomerangs. Les enfants s’y mettent. Nous
profitons d’acheter une moustiquaire de tête pour chacun.
Kings Canyon : la marche des superlatifs
Olivier doit se concentrer pour démarrer à chaque fois sur la gauche. Nos automatismes de la conduite doivent être inversés et c’est
souvent qu’il met les essuie-glaces pour tourner… Il roule une fois quelques mètres sur la piste de droite sans s’en rendre compte (et moi
non plus) avant qu’une personne lui fasse remarquer son positionnement.
Arrivés au Kings Canyon, nous choisissons la marche la plus longue. Le début grimpe fort. Esteban est tout content de pouvoir escalader
les roches. Une fois de plus, le lieu est spectaculaire. Nous passons dans des endroits vertigineux, puis, le sommet du canyon nous
emmène sur des zones plates où les enfants s’amusent à observer des têtards et des petites grenouilles dans des flaques d’eau. Nous
redescendons au fond du canyon, plus loin, pour accéder à un endroit nommé le jardin d’Eden. Si le paradis ressemble à ça, nous sommes
tous conquis, Esteban le premier. Il ne cesse durant la marche de dire qu’il n’a jamais vu un endroit aussi beau. Ces couleurs, cette
tranquillité, lui font couler une larme. Il poursuit en disant : « Il faut que je me reprenne, il faut que je me reprenne ! Mais c’est trop
beau! »
Nous poursuivons ensuite le lendemain vers le nord, par la Larapinta Drive.
Palm Valley : la tension à son maximum
Depuis Kings Canyon, nous empruntons une piste de terre rouge. Jusqu’à présent, malgré les fameux panneaux indicateurs d’éventuelle
présence de kangourous, nous n’en avons pas vu un seul à l’horizon. Nous nous dirigeons vers Hermannsburg. De là, nous prenons une
piste réservée aux 4x4 et comme notre camper dispose de cette fonction, on continue. Sur le panneau, est indiqué : 22 km / 3h.
Wouahou… on espère qu’on ira plus vite que ça.
Très vite, nous entrons dans une étroite vallée. La piste est en fait le lit de la rivière asséchée. A certains endroits, le sable remplace les
pierres. Nous avons aussi des rivières à traverser. Notre camper avance. Mais parfois, la quantité de sable est conséquente et notre
véhicule est juste assez haut. A chaque fois, on serre les dents pour qu’on ne se plante pas. Puis, un long passage sableux descend vers
une rivière. Olivier s’arrête. Il prend sa respiration puis se lance. Nous passons le cap du sable et atterrissons dans la rivière qui s’avère
être bien plus profonde que prévue. On ferme les fenêtres à toute vitesse puis Olivier parvient à faire sortir le véhicule. On l’a passée.
C’est fait. Mais on reste dans l’inquiétude… du retour. La longue piste sablonneuse descendante sera alors ascendante…. Et comme on
débutera avec la rivière profonde, impossible de donner de l’élan. Olivier est tendu.
La suite n’est pas meilleure. On croise des aborigènes qui pêchent. On traverse encore d’autres rivières avec des petits piquets qui
indiquent par où passer pour ne pas (trop) se planter. On doit alors rouler sur des rochers. Je suis certaine que ça ne passera pas. Olive
pense que oui, il y va. Mais plus on avance, plus ça devient catastrophique. Et nous n’avons croisé aucun véhicule depuis le début donc si
on a un problème… on doit le résoudre sans aide aucune. Il nous reste 1 km. Mais là, une pente trop ardue faite de rochers me fait
définitivement trop peur. Olivier n’est pas rassuré non plus. On laisse alors le véhicule ici et on termine à pied. Nous arrivons à la Palm
Valley lorsque devant nous, un immense cours d’eau nous barre la route. On se dit alors que non, cette vallée avec les seuls palmiers
rouges au monde n’est pas pour nous. La tension chez Olivier pour le retour est telle qu’il préfère en finir le plus vite possible et repasser
cet endroit qui lui donne des crampes d’estomac. Cela se traduit sur son visage.
On retourne vers le camper, sans trop de frustrations car on se dit que l’aventure c’était le chemin et non l’arrivée. On repasse en sens
inverse tous ces endroits délicats. On se remémore notre tracé pour ne pas s’enfoncer où il ne faut pas. Et, au bout d’une demi-heure,
nous arrivons en face du fameux passage. Olive respire. Les enfants suivent le parcours depuis le début, comme une vraie aventure. Ils
encouragent Olivier. Il se lance. D’abord la rivière, le capot est recouvert d’eau puis émerge à nouveau. Ensuite la piste en sable, le
passage le plus délicat. On est tendu. On se crispe jusqu’au bout. On passe. Olivier s’arrête, baisse la tête et respire. La suite semble facile
et légère bien qu’elle nous paraissait corsée au début. On rejoint Glen Helen Gorge pour la nuit.
Namatjira Drive et ses piscines naturelles
Nous découvrons les divers endroits qui se trouvent proches de cette route jusqu’à Alice Springs. Des gorges, des trous d’eau dont les
enfants profitent un maximum pour contrer la chaleur. Cette chaîne de montagne se nomme Macdonnell. Nous sommes dans la partie
Ouest et nous allons nous rendre dans la partie Est pour dormir.
Nous rejoignons un petit terrain de camping tenu par une famille. Le fils (12 ans), nous explique qu’il ne se rend pas à l’école d’Alice
Springs car elle est trop loin (78 km). Il étudie donc seul avec des livres. Quatre heures par semaine, il joint un professeur via Skype et il
reçoit son apprentissage scolaire ainsi. Le reste du temps, il vit dans la nature. Il nous montre certains endroits magiques près de chez lui.
Le lendemain, nous nous rendons dans un endroit dont il nous a parlé et profitons de nous baigner dans une rivière. Au sommet du
canyon, un petit wallaby nous observe. Il sera le seul que nous observerons à l’état sauvage.
Le chien de la ferme nous a suivis et marche avec nous plus d’une heure pour ensuite se débattre et nager dans l’eau avec Amalia et
Esteban.
Nous partons ensuite pour découvrir la Trephina Gorge avec une petite marche de 3 kilomètres.
Nous rejoignons Alice Spings dans l’après-midi et remettons le camper en ordre. Une dernière visite dans un parc afin que les enfants
observent des kangourous puis notre périple au centre de l’Australie se termine.
Retour à Sydney : renforcement des cartons et fin des préparations.
Il nous reste 2 jours avant de reprendre un vol qui nous amènera d’abord à Hong Kong puis directement ensuite à Saigon. Nous
renforçons nos cartons puis découvrons le Sud de Sydney.
Sean nous informe que dans certaines zones il y a tant de kangourous que certains sont heurtés par les véhicules. Nous étions en pleine
saison chaude dans le centre et les kangourous se mettent à l’ombre et ne sortent que le soir. De plus, les étendues traversées étaient
tellement immenses que nous imaginons bien que ces animaux évitent de traverser le peu de routes existantes.
Nous profiton de notre dernière journée à Sydney pour découvrir un parc de protection des animaux sauvages.
Dernier repas en Australie : THANK YOU SEAN and SARISA
En ce qui concerne la suite, la personne de contact que nous avons à Saigon qui devait réceptionner nos batteries les a refusées sans faire
exprès, du coup, UPS les a peut-être renvoyées en Chine… Comme nous n’avions pas de connexion internet dans l’Outback, nous n’avons
pas pu suivre l’acheminement et notre temps de réaction était trop lent… On espère donc qu’il n’est pas trop tard et que nous n’aurons
pas de mauvaises surprises.
Une fois arrivés en Asie, nous allons retrouver un ami, Raphaël, à l’aéroport de Saigon. Son vol depuis la Suisse atterrit 20 minutes après
le nôtre.
Après avoir voyagé à 5 à vélo durant 1 mois et demi avec Jukka que nous avons connu au Pérou, c’est avec Raphaël que nous partagerons
plus de 2 mois de voyage à vélo. On se réjouit tous.